Article tiré de la revue
Electronique Pratique d'octobre 1996 - Page 107. Auteur : Inconnu.
Sommaire
:
Propriété
multiplicatrice de l'amplificateur opérationnel Un
multiplieur passe partout AD633 Applications
des multiplieurs
Propriété multiplicatrice de l'amplificateur
différentiel :
Pour un amplificateur différentiel, (structure de la figure
1a reconnaissable à la présence de 2 transistors T1 et T2 de même type dont les
émetteurs sont tous deux reliés à un générateur de courant commun Io), on
démontre mathématiquement que la différence des courants de collecteur
(ic1=ic2) est proportionnelle à la différence des tensions d'entrée (e1-e2)
ainsi qu'au courant Io, ce qui conduit à (ic1-ic2) = k.Io.(e1-e2).

Figure
1a : Amplificateur différentiel
Etant donné
que la différence de 2 courants n'est pas très commode à exploiter, celle-ci
est généralement convertie en une tension à l'aide d'un soustracteur. La figure
1b propose une solution à base d'AOP qui, de surcroît, apporte une
amplification lorsque Rb > Ra. La tension de sortie Vs vaut dans ce cas Vs =
k.Io.Rc.(e1-e2).Rb/Ra.

Figure
1b : Soustracteur à AOP
Lorsqu'on souhaite réaliser un AOP à partir d'un
amplificateur différentiel, on s'arrange pour que le courant Io soit constant,
par contre, lorsqu'on souhaite réaliser un multiplieur, on remplace le générateur
de courant fixe par un générateur de courant piloté par une tension dont un
schéma possible (encore à base d'AOP) est proposé à la figure 2a et pour lequel
Io = Vy / R1.

Figure
2a : Générateur de courant
piloté par une tension
En posant (e1-e2) = Vx, (k.Io.Rc.Rb
/ R1.Ra) = Km et en associant les
3 sous-ensembles précédents, on arrive au schéma condensé de la figure 2b pour
laquelle Vs = Km.Vx.Vy, formule caractéristique de la fonction multiplicatrice
recherchée.

Figure
2b : Schéma d'un multiplieur
Si cette approche simplifiée de la fonction multiplieur dans
laquelle ont été rassemblés des composants discrets (transistors, résistances)
et des sous-ensembles fonctionnels à base d'AOP ne correspond pas au schéma
détaillé réel d'un circuit intégré multiplieur, elle permet cependant de mieux
appréhender cette fonction fondamentale et de comprendre son principe de
fonctionnement.
Cette simplification volontaire masque en particulier les
nombreux problèmes liés à la présence d'amplificateurs différentiels qui, comme
chacun le sait, sont sujets aux dérives thermiques et présentent des tensions
d'offset. Des améliorations technologiques permanentes ont permis de résoudre
un grand nombre de ces problèmes et les multiplieurs actuels présentent de
moins en moins de défauts pour un prix devenu abordable pour l'amateur alors
qu'il y a seulement 5 ou 6 ans le même composant aurait coûté plus de 46 euros.
Un multiplieur passe partout l'AD633 :
Fruit de recherches et des avancées technologiques que nous
venons d'évoquer, l'AD633 développé par la société ANALOG DEVICES est un
circuit intégré multiplieur dont les performances et le coût assez modeste ont
très vite fait le renom.
Pour ne citer que quelques-unes de ses
caractéristiques fondamentales, nous préciserons que ce circuit fonctionne à
partir d'alimentations symétriques de valeurs comprises entre ±8V et ±18V avec
une valeur typique de ±15V. Sa consommation moyenne est de 4mA, et sa sortie
supporte le court-circuit en permanence. Avec une bande passante pour les
petits signaux (0,1V RMS) de 1 MHz et un slew rate de 20V/µs, les
caractéristiques dynamiques de ce circuit sont excellentes. Si l'on ajoute à
cela une impédance d'entrée différentielle de 10 Mohms et une excursion de
tension de ±11V, on aura là toutes les raisons de considérer ce circuit comme
l'un des meilleurs représentants de sa catégorie. Le seul petit reproche qu'on
puisse lui faire concerne les tensions d'offset affectant chacune de ses
entrées qui peuvent varier typiquement de ±5V à près de ±50mV dans le pire des
cas. Malgré ces valeurs annoncées, les différents échantillons que nous avons
eu l'occasion d'employer ne possédaient pas plus de 2mV de tension d'offset et
pour certains, celle-ci était quasiment nulle. Grâce à un ajustage au laser, la
stabilité et la précision sont excellentes puisque le fabricant garantit une
erreur maximale typique de 1% de la pleine échelle. Le schéma fonctionnel de ce
circuit ainsi que son brochage sont proposés figures 3a et 3b pour la version
DIP 8 broches (référence AD633JN) et SOIC (AD633JR). La fonction de transfert
du circuit correspond à la formule w = [ (x1 -x2) . (y1-y2) / 10 ] + z .

Figure
3a : Boîtier SOIC

Figure
3b : Boîtier DIP
Dans cette expression, les quantités w, xn, yn, et z
représentent les potentiels des entrées ou des sorties de même nom, alors que
le nombre 10 représente l'inverse de la constante du multiplieur (notée Km dans
la présentation) et s'exprime en (volt)-1 de façon à ce que l'expression de w
soit homogène à une tension. Comme on le constate sur la forme de l'expression
de w, les entrées X=x1-x2 et Y=y1-y2 sont des entrées différentielles qui
permettent de travailler ou non, hors masse, ce qui peut être très intéressant
pour certaines applications. La présence de l'entrée z qui n'est pas
indispensable au fonctionnement du multiplieur lui-même, apporte des
simplifications dans certains montages ce qui en fait l'intérêt comme nous le
verrons dans le paragraphe "applications".
Application des multiplieurs :
Etant donné son aptitude à multiplier 2 signaux électriques
entre eux, il est évident qu'un multiplieur est souvent configuré pour réaliser
cette fonction. Néanmoins, le champ d'application des multiplieurs ne se limite
pas uniquement à cette opération de base. Sans modification, il peut élever une
tension au carré, et lorsqu'il est entouré d'AOP, il peut aussi effectuer des
divisions et même extraire la racine carrée d'une tension.
Ces points étant
précisés, nous allons donner quelques exemples d'applications, dont certaines
concernent plus particulièrement l'AD633 de par la nature de sa fonction de
transfert. Toutefois, si un étage multiplieur ne possède pas tout à fait la
même fonction de transfert, surtout au niveau de l'addition du terme
"z" en sortie, il sera toujours possible de reconstituer celle-ci à
l'aide d'AOP externes (additionneur w+z) et d'adapter les montages proposés à
n'importe quel multiplieur.
Pour bénéficier des mêmes fonctionnalités, il suffit que
l'impédance de l'entrée "z" de l'étage additionneur soit très grande
devant les résistances externes qui y seraient connectées. Avec l'AD633,
suivant l'application envisagée, l'utilisateur peut choisir entre une sortie tension
et une sortie courant.

Figure
4 : Multiplication à sortie tension
Dans ce cas le multiplieur est utilisé sans aucun composant
annexe si ce n'est 2 condensateurs de découplage au niveau des broches
d'alimentation qui ne seront plus représentées pour les montages suivants. La
tension de sortie "w" vérifie la formule gnérale donnée précédemment. Si l’aspect différentiel des entrées et l’option d’addition en sortie ne
sont pas utiles, on peut relier les entrées x2, y2 et z à la masse, ce qui
donne w=0,1.x1.y1. Si l’AD633 utilisé présente des tensions d’offset
indésirables au niveau de l’une (ou des) entrées, au lieu de relier x2, y2 et z
à la masse, on connectera ces entrées au montage de la figure 5.

Figure
5 : Annulation de la tension d'offset

Figure
6 : Multiplieur à sortie de courant
En insérant une résistance R entre l'entrée "z" et
la sortie "w", c'est le courant de sortie "lout" dont
l'expression est Iout = X.Y / 10.R qui est cette fois proportionnel au produit
des tensions différentielles X et Y.
Les applications dans lesquelles intervient le produit de 2
signaux sont assez nombreuses. La mesure d'une puissance en est un exemple
typique puisque dans ce cas il faut multiplier une tension par un courant (P =
UI en continu et P = u.i.cos p en alternatif sinusoïdal). La figure 7 montre
comment convertir l'image du courant continu I en une tension grâce au schunt
Rs, ainsi que l'utilisation des entrées différentielles pour que la tension de
sortie Vs soit positive, alors que la tension prélevée aux bornes du shunt Rs
est négative (-Rs.I). Le montage serait rigoureusement identique en présence de
grandeurs sinusoïdales. En s'arrangeant pour que le produit Rs.Km =1, la
tension de sortie du multiplieur est directement proportionnelle à la puissance
à mesurer.

Figure
7 : Schéma de principe d'un Wattmètre
Les multiplieurs interviennent aussi dans le domaine de la
modulation et de la démodulation d'amplitude. La figure 8 montre comment
obtenir un signal modulé en amplitude sans porteuse (sortie Vs1) et avec
porteuse (Vs2), alors que la figure 9 donne le schéma de principe d'un étage
démodulateur d'amplitude synchrone.

Figure
8 : Obtention d'un signal modulé
en amplitude avec et sans porteuse

Figure
9 : Principe d'un étage de démodulation
synchrone
Le VCO sert à reconstituer un signal
synchrone de la porteuse à partir du signal modulé en amplitude, le filtre
passe bas éliminant les composantes HF résultant du mélange qui s'opère au
niveau du multiplieur. le signal démodulé est en fait l'image du signal
modulant qui n'est autre que l'information que l'on veut transmettre.
L’élévation au carré d'un signal est une autre application des multiplieurs qui
demande tout simplement la réunion des entrées X et Y. La valeur efficace vraie
d'un signal périodique v(t) dont la formule est: (Veff
² =1/T . ST
v²(t) dt) (avec S = intégrale de 0 à T) faisant intervenir le carré du signal
v(t) la présence d'un multiplieur pour cette opération est tout à fait
naturelle. Si le multiplieur est suivi d'un filtre passe bas donnant la valeur
moyenne du carré du signal, filtre lui-même suivi d'un extracteur de racine
carrée, on peut obtenir la valeur efficace Veff de v(t) à partir de Veff
². Le
schéma fonctionnel de cette succession d'opérations est donné à la figure 10.

Figure
10 : Schéma de principe d'un
voltmètre efficace vrai (RMS)
Pour extraire la racine carrée du signal continu présent à la sortie du filtre
passe bas, on s'appuie sur le montage de la figure 11.

Figure
11 : Extraction de racines carrées
avec un multiplieur
La mise en équation d'un
tel montage est très simple si l'on exprime la valeur commune du courant I qui
traverse les 2 résistances R et 10R qui vaut I = Km.Vs²
/ R et I = -Ve / 10R. Avec
un multiplieur dont la constante Km est égale à 0,1V-1, on obtient
tout simplement Vs = racine carré (-Ve), relation qui impose à la tension Ve
d'être négative pour que l'intérieur du radical soit positif. Cette condition
impose la présence d'un étage inverseur situé entre le passe bas et l'entrée de
l'extracteur de racine carrée à moins que le filtre passe bas n'introduise déjà
une inversion de phase.
En dehors de la mesure de la valeur efficace vraie d'un
signal, son élévation au carré permet de doubler sa fréquence. En effet, avec
un signal sinusoïdal ve(t) =Ve cos wt, appliqué simultanément aux 2 entrées
d'un multiplieur de constante Km, on récupère à sa sortie une tension : Vs = Km.ve²(t)
= Km.Ve ².cos ² wt, qui donne après linéarisation Vs(t) = 0,5.Km.Ve
² (1+cos ² wt),
expression dans laquelle apparaît un terme de fréquence double de celle du
signal ve(t).
Pour éliminer la composante continue (0,5.Km.Ve
²) un simple
condensateur suffit. Le montage de la figure 12 réalise la division du signal
(z2-z1) par (x1-x2). Sa fonction de transfert complète est : Vo =
10 . [ (z2-z1) / (x1-x2) ] + y2.

Figure
12 : Réalisation de la division
Ici encore, on bénéficie d'entrées différentielles et de la
possibilité d'ajouter une tension y2 en sortie comme pour la fonction
multiplieur elle-même.
On fera attention à la permutation des indices 1 et 2 entre
le numérateur et le dénominateur qui n'est pas une erreur de transcription,
mais le résultat de calculs rigoureux basés sur les conventions adoptées. Le
condensateur de 22 pF situé dans la boucle de réaction de l'AOP évite l'entrée
en oscillation (HF) du montage. Nous indiquons à la figure 13 le montage
permettant de modifier la constante Km d'un AD633 (fixée à 0,1V-1
par son fabricant). Il suffit pour cela de 2 résistances R1, et R2.
Dans ce cas
la fonction de transfert de l'étage devient :
w = [
(x1,-x2).(y1-y2) ) / 10 ] . [ (R1+R2)
/ R1 ] + s
qui montre une
fois de plus l'intérêt de la structure adoptée pour ce multiplieur puisque la
constante Km peut être augmentée sans qu'il soit nécessaire de faire appel à un
étage amplificateur à AOP externe.

Figure
13 : Modification du facteur Km
Nous ne prétendons nullement avoir fait le
tour des applications des multiplieurs avec ces exemples. Néanmoins, nous
espérons que cet exposé, qui avait pour but de mieux faire connaître ce
composant, aura donné quelques idées qu'il pourra ensuite approfondir pour
mener à bien ses projets.
Article tiré de la revue
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