Article tiré de la revue Elektor
octobre 1994. Auteur : K.Schônhoff.
Sommaire
: Introduction : Un peu d'histoire : Du courant continu au courant alternatif : On ne peut plus simple : De la théorie : Le noyau du transfo : Les courants tourbillonnaires : La saturation : Tôles pour transformateur : Accroissement de puissance : Calculs : L'hystérésis : Les transformateurs toriques : Le brochage :
Introduction :
Comme le dit la définition du Petit Robert, un
transformateur est un "appareil servant à modifier la tension, l'intensité ou la
forme d'un courant électrique (abrév. fam. TRANSFO)." L'objectif de cet article est
de voir ce que nous pourrions ajouter à cette formule succincte.
Un transformateur est donc un appareil qui sert à
convertir une tension alternative d'une valeur donnée en une tension d'une valeur
différente. Ses principaux composants sont un noyau ferromagnétique, sur lequel sont
bobinés 2 enroulements, le premier fait d'un conducteur de diamètre plus grand que celui
du conducteur utilisé pour le second enroulement.
L'enroulement fait de fil de diamètre plus faible
véhicule un courant alternatif au niveau de tension plus élevé et à l'intensité de
courant plus faible; à l'inverse, dans le fil de diamètre plus important la tension est
plus faible et le courant plus élevé que dans l'autre bobinage.
Cette définition, sensiblement plus longue que
celle du dictionnaire, n'aborde sans doute pas dans le détail tous les aspects de la
technologie des transformateurs. L'article qui suit va s'intéresser dans le menu à ces
composants chargés de fournir leur tension d'alimentation aux circuits électroniques de
toute sorte.
Un peu d'histoire :
Le développement du transformateur est intimement
lié à l'histoire du courant alternatif. Sachant que les premières sources d'énergie
électrique ont été les piles qui généraient leur courant électrique à partir d'une
réaction chimique. il a fallu attendre l'arrivée d'une source de courant alternatif
utilisable avant de pouvoir aller de l'avant dans le développement du transformateur.
Ceci explique qu'il se soit passé un " certain temps " entre les premières
découvertes dans le domaine des techniques de transformation et le premier composant
réellement utilisable en pratique.
Du courant continu au courant alternatif :
En 1820 déjà, un certain monsieur Hans Christian
Oersted, physicien danois de son état. a découvert qu'un conducteur véhiculant un
courant générait du champ magnétique. Quelques années plus tard, en 1830, Josef Henry
donna corps aux notions d'induction et de self-induction. Entre les mois d'août et de
novembre 1831 l'anglais Michael Faraday procéda à une série d'expériences avec un
appareil constitué d'un anneau de fer et d'enroulements de fil de cuivre isolé. II
connecta une pile à l'un des enroulements et pensait produire un courant continu dans
l'autre enroulement. Cependant, à son grand désappointement, et en dépit de plus de 200
expériences décrites dans le moindre détail (figure 1), tout ce qu'il obtint furent un
débattement de l'aiguille du galvanomètre lors de la mise en et hors-circuit de la pile.
Ce n'est qu'après que le fabricant d'instruments français Pixii ait réussi à produire
un générateur de courant alternatif entraîné manuellement que pu se poursuivre
l'étude théorique et le développement pratique du transformateur.

Fig 1 : Dessin extrait du
manuel de travail de Faraday. Le premier transformateur torique ?
En 1844 déjà Paris se vit dotée d'une place
publique éclairée à l'aide de lampes (peut-on déjà parler d'ampoules) à arc
électrique. C'est la tension de service de la lampe à arc, à savoir 55 V, qui est
d'ailleurs à la base des valeurs de tension normalisées de 110 et 220 V -pour la mise en
série, respectivement, de 2 ou de 4 de ces lampes. II n'en reste pas moins que, jusqu'à
la fin du 19ème siècle, l'alimentation en énergie électrique pour les habitations,
l'éclairage des rues et les machines se fit principalement à l'aide de courant continu.
Notons que l'américain Edison fut un défenseur farouche de la technologie du courant
continu qu'il considérait comme moins dangereux. En effet, les fréquences secteur
courantes de 50 et 60 Hz tout particulièrement, sont, d'un point de vue physiologique,
très " efficaces ". Aux fréquences plus élevées, les cellules du corps
humain ne peuvent plus suivre, dans leurs réactions électrochimiques, le courant
électrique qui les traverse: dans le cas du courant continu elles peuvent, par décalage
de potentiel. compenser la violence faite à leur état de repos. Dans les 2 cas le danger
est moindre qu à 50 Hz.
Les limites de la technologie du courant
électrique furent vite atteintes dès lors qu'il fallu transporter de l'énergie
électrique sur de grandes distances. La longueur des conducteurs impliquait
inévitablement des pertes insupportablement importantes, vu que pour des raisons de poids
et de coût il n'était pas possible d'en augmenter inconsidérablement la section. L'une
des solutions envisageables fut le transport de tensions plus élevées, vu qu'il est plus
facile et moins coûteux de réaliser de bons isolateurs que des conducteurs de la section
d'un poignet. Cette augmentation de tension ne pouvait se faire qu'avec du courant
alternatif. À l'aide de transformateurs on procéda à une conversion vers le haut de la
tension fournie par le générateur pour ensuite, côté utilisateur, procéder à
l'opération inverse, à savoir une conversion vers le bas. Cette approche créa un
énorme besoin de transformateurs. La priorité fut donnée au rendement et à la
sécurité de fonctionnement. Chez les particuliers, les transformateurs ne firent leur
apparition que bien après les récepteurs radio. Ces derniers commencèrent par tirer
leur alimentation de piles caloriques à anode alors que les modèles réduits
ferroviaires étaient alimentés par le secteur, soit directement, soit par le biais de
résistances chutrices.
On ne peut plus simple :
Dans son principe, un transformateur est l'un des
composants les plus simples que l'on puisse rencontrer en électronique. On prend du fil
de cuivre isolé que l'on bobine en 2 enroulements séparés galvaniquement sur un gabarit
de bobinage dans lequel on glisse un noyau de fer de caractéristiques physiques
adéquates et l'on dispose d'un transformateur. À l'aube de l'électrotechnique, il
constituait le composant le plus simple à réaliser soi-méme, plus simple encore qu'un
condensateur !. On ne sera donc guère étonné d'apprendre que l'on s'en est beaucoup
servi comme composant électronique. Dans les récepteurs (radio) à tubes d'antan on
trouvait souvent, entre les différents étages, l'un ou l'autre transformateur de
séparation ou d'adaptation. Les tubes n'étant pas en mesure de fournir les courants
d'intensité élevée nécessaires à la commande d'un haut-parleur, il fallait
inévitablement passer par un transformateur de sortie qui se chargeait simultanément de
la rotation de phase dans le cas des étages de sortie en push-pull.
De par l'existence de composants semiconducteurs
présentant une impédance faible, les transformateurs servant de transformateur pour
l'adaptation de signal dans le monde de la BF (Basse Fréquence) ont pratiquement disparu.
À l'inverse, ils sont quasiment indispensables en HF (Haute Fréquence) bien qu'en raison
des progrès de la miniaturisation ils soient encore, dans les récepteurs modernes en
particulier, à peine reconnaissables comme tels. II n'est cependant pas dans nos
intentions dans l'article qui suit, de nous intéresser à ces transformateurs/adaptateurs
de signal, sachant que nous aurons déjà suffisamment à faire avec les transformateurs
secteur utilisés pour l'alimentation des appareils électroniques.
De la théorie :
Le mode de fonctionnement d'un transformateur est
décrit de façon très approfondie dans nombres d'ouvrages consacrés au sujet. Nous
consacrerons nous mêmes, un peu plus loin, l'un ou l'autre paragraphe à l'examen
théorique de la question. Nous voulons, auparavant, poursuivre notre petit voyage de
découverte. Les premiers chercheurs à alimenter leurs bobines à l'aide de courant
alternatif et à relever fidèlement, comme se doit de le faire tout savant scrupuleux,
tous les courants et tensions mis en jeu, constatèrent qu'un conducteur en forme de
bobine voyait sa résistance électrique changer lorsqu'on y glissait un morceau de fer.
Bien plus loin, la valeur de résistance augmente lorsque l'on associe le fer à une
boucle close (réseau fermé). Le type de fer utilisé a lui aussi son importance :
l'effet le plus important est obtenu à l'aide de fer mou. Bien que ce type de fer ait la
caractéristique de transmettre le champ magnétique il ne possède plus, après
disparition du champ extérieur, de " force magnétique " propre. L'acier au
contraire conserve son champ magnétique. Les premiers aimants permanents - et partant les
plus anciens - étaient constitués d'acier.
Si l'on a disposé, sur le même noyau de fer, un
second enroulement, non relié, lui, à la tension d'alimentation et parfaitement isolé
par rapport à l'enroulement " primaire " on constate également l'apparition
sur la seconde bobine, l'enroulement " secondaire ", d'une tension alternative.
Cette tension secondaire est élevée lorsque
l'enroulement du secondaire comporte un nombre de spires élevé et inversement faible
lorsqu'il ne possède que peu de spires. Si l'on connecte une charge électrique (une
résistance par exemple) à l'enroulement secondaire, on constate une chute de la
résistance de l'enroulement primaire. La puissance qu'il consomme correspond, grosso
modo, à la puissance consommée par la résistance du secondaire. II s'agit là déjà de
" l'effet de transformation ". La raison de cet effet est l'induction
magnétique. Un champ magnétique ne se laisse ni voir ni sentir. Normalement, on le
représente sous la forme de lignes de champ imaginaires, dessin sur lequel la direction
des lignes caractérise l'évolution du champ, leur écart et leur densité devant
indiquer la puissance du champ.
II existe aujourd'hui des capteurs capables de
détecter les champs magnétiques, instruments permettant de réaliser, sans trop de
problèmes, des mesures de ce genre. Des plaquettes ou ponts dotés de résistances de
matériau magnéto-résistif, la KMZ10A par exemple, permettent de définir des champs
magnétiques en fonction de leur taille et de leur orientation. Si, lors d'une expérience
simple, on applique une tension continue au primaire d'un transformateur et que l'on
limite le courant à l'aide d'une résistance-série on pourra, à l'aide de l'équipement
de mesure adéquat, constater l'effet suivant : le courant augmente lentement mais
continûment jusqu'à ce qu'il soit limité par la résistance-série; au cours de ce
processus il naît dans le noyau de fer un champ magnétique dont la puissance augmente
proportionnellement au courant. On ne mesure, hors du noyau, qu'un champ magnétique très
faible. Le nombre des lignes de champ a donc fortement augmenté et elles se confinent
pratiquement toutes au noyau proprement dit.
Ce n'est qu'au cours de l'intervalle de temps
situé immédiatement après l'application de la tension continue, c'est-à-dire tant que
dure la variation du courant dans l'enroulement, qu'il y a naissance dans l'enroulement
secondaire d'une tension dite de ce fait " induite ". Cette expérience permet
d'énoncer la loi physique suivante : si, dans un enroulement, on fait varier le nombre de
lignes magnétiques, on a, dans le dit enroulement, génération d'une tension induite.
Ceci est bien évidemment vrai et pour l'enroulement primaire et pour l'enroulement
secondaire. La tension naissant elle-même dans l'enroulement secondaire est de sens
opposé à la tension appliquée (au primaire) et ralentit ainsi l'augmentation du
courant. Vu que dans le cas présent le champ actif dans l'enroulement est généré par
l'enroulement lui-même on parle d'effet de " self-induction ". De ce fait, le
transformateur ne fonctionne qu'avec une tension alternative sachant que ce ne sont que
des courants variant en permanence qui génèrent des champs magnétiques changeant sans
arrêt et qu'eux seuls peuvent induire des tensions ! Ceci est vrai pour tous les
transformateurs et adaptateurs qu'il s'agisse de la fréquence du secteur, de BF,
d'alimentations à découpage travaillant entre 20 et 200 kHz soit encore d'émetteurs ou
de récepteurs trafiquant dans les MHz.
Le noyau du transfo :
Le noyau ferromagnétique améliore le
transformateur sous 2 aspects. Comme nous l'évoquions plus haut, le fer accroît la
résistance électrique de l'enroulement bobiné par rapport à la tension alternative
appliquée à cette dernière. Dans le cas d'une bobine à air le courant augmente, à
l'application d'une tension, de façon beaucoup plus rapide qu'avec une bobine à noyau de
fer; cette dernière présente donc une résistance beaucoup plus élevée à une
variation de courant qu'une bobine à air. II se trouve, dans le fer, de nombreux petits
aimants distribués " normalement " de façon à ce qu'ils inhibent
respectivement leurs effets. Ils sont cependant mobiles et peuvent être orientés, à
l'aide d'un champ magnétique extérieur, de façon à renforcer ce champ. Le champ ainsi
renforcé produit quant à lui une self-induction bien plus importante.
Secundo, le champ magnétique est transmis par le
fer de sorte que l'ensemble du champ est transmis d'un enroulement à l'autre, ce qui a
pour effet d'augmenter sensiblement le rendement.
On peut décrire les boucles magnétiques à
l'aide de termes qui nous sont familiers des lois d'Ohm, c'est-à-dire de notions de
résistance, de tension et de courant. Le fer présente une résistance magnétique si
faible que les lignes de champ, le " courant " préfère rester dans le fer
plutôt que de se court-circuiter via le trajet aérien. L'air et même le vide ne sont
cependant pas des isolants magnétiques (éléments non conducteurs).
Pourquoi donc empile-t-on des tôles l'une sur
l'autre -sans oublier qu'il faudra exercer une tension mécanique importante pour éviter
qu'elles ne ronflent? Les premiers chercheurs utilisèrent des pièces de fer massif et
constatèrent des pertes d'énergie importantes sur le trajet entre l'enroulement du
primaire et du secondaire, ces pertes se faisant dans le noyau qui en devenait
extrêmement chaud. Les concepteurs de moteurs et autres générateurs électriques
connurent des problèmes similaires. Le grand mérite d'un certain Werner von Siemens, fut
tout juste, entre autres, d'avoir décelé cette problématique et d'avoir opté pour ses
générateurs, pour les tôles de fer.
Les courants tourbillonnaires :
Si l'on prend un transformateur vu d'en haut et
que l'on s'imagine la pièce centrale vue en coupe, on voit le noyau de fer et
l'enroulement qui l'englobe. "Un champ magnétique en mutation induit, dans chaque
enroulement, une tension d'alimentation." Le noyau de fer est conducteur
électriquement. Le bord extérieur du noyau forme une ligne fermée, un enroulement
indubitablement, traversé par les lignes de champ magnétique ! Cet enroulement ne
présente, il est vrai qu'une seule spire, mais celle-ci est bel et bien fermée, de sorte
que toute tension induite produit la circulation d'un courant. Ce type de boucles de
court-circuit se trouve un peu partout dans le noyau de fer produisant la circulation de
courant dits -courants tourbillonnaires- dans le noyau, ces courants produisant des pertes
de puissance électrique et se manifestent par l'échauffement du transformateur.
La seule façon de réduire ce phénomène est de
rompre toutes les boucles de courant traversées par des lignes de champ. Ceci peut
s'obtenir par la décomposition du noyau ferromagnétique en une série de couches fines
isolées électriquement l'une par rapport à l'autre. Plus ces couches sont fines, plus
on est assuré de casser les boucles de court-circuit aussi minuscules que gênantes; il
n'en est pas moins impossible d'éliminer totalement ces courants tourbillonnaires d'un
noyau ferromagnétique. On augmente en outre la résistance électrique du fer par
l'adjonction de silicium. L'isolation des tôles se fait à l'aide de laque ou de couches
d'oxyde ou de phosphate (cf. tableau 1). Leur nombre augmente proportionnellement à la
quantité de fer utilisée lors de l'utilisation de tôles d'épaisseur encore plus
faible. La proportion de fer par rapport à la surface transversale est exprimée par un
facteur (ou coefficient) de remplissage (cf. tableau 2). L'augmentation de diamètre joue
bien évidemment également un rôle quant à l'isolation du fil de l'enroulement (cf.
tableau 3).
Tableau 1
: Couches alternées de tôles de transformateur et d'isolation. |
Type d'isolation |
Epaisseur de la couche
en um |
Protection |
Laque d'isolation |
6 à 10 |
simple |
Couche de phosphate |
2 à 3 |
double |
Couche d'oxyde |
2 à 3 |
double |
1 um =
1/1000e de mm |
Tableau 2 : Epaisseur des
tôles et facteurs de remplissage. |
Epaisseur de la tôle |
Facteur de remplissage minimum |
0,5 mm |
0,92 |
0,35 mm |
0,90 |
0,2 mm |
0,87 |
0,1 mm |
0,85 |
0,05 mm |
0,75 |
Tableau 3 : Divers types
d'isolation des conducteurs. |
Isolation |
Diamètre du conducteur en mm |
Laque |
simple |
0,011 |
0,028 |
0,040 |
0,060 |
double |
0,021 |
0,045 |
0,065 |
0,100 |
Soie artificielle |
simple |
0,05 |
0,06 |
0,07 |
- |
double |
0,09 |
0,11 |
0,12 |
- |
Coton |
simple |
- |
0,10 |
0,12 |
- |
double |
- |
0,16 |
0,22 |
0,40 |
Papier |
simple |
- |
0,12 |
0,12 |
0,20 |
double |
- |
0,22 |
0,22 |
0,35 |
La saturation :
Le fer possède d'autres caractéristiques
intéressantes. Si nous augmentons, au cours de l'expérience évoquée précédemment, le
courant, nous commencerons par constater, comme nous pouvions nous y attendre, une
augmentation de la magnétisation du fer ainsi que du champ généré par la bobine au fur
et à mesure de la croissance de l'intensité du courant. Cependant, à partir d'une
certaine intensité du courant la magnétisation du fer cesse de croître. Plus étonnant
encore, le champ entourant le transformateur devient plus puissant. Le noyau se trouve
dans l'impossibilité d'engranger un nombre de lignes de champ plus grand. Si l'on
continue d'augmenter le courant, les lignes de champ additionnelles ne peuvent plus se
confiner dans le noyau et sortent à l'air libre. Ce champ, dit champ de fuite, peut avoir
une influence gênante sur le fonctionnement des circuits électroniques. On a en outre
une détérioration du transfert d'énergie dans l'enroulement secondaire vu que toutes
les lignes de champ du primaire ne traversent plus également le secondaire. On se trouve
dans une situation de saturation. Même lorsque le noyau ferromagnétique n'a pas encore
atteint un niveau de magnétisation saturé certaines lignes de champ trouvent moyen de
s'échapper, ce qui signifie que le nombre de lignes de champ du primaire n'est pas tout
à fait identique à celui des lignes de champ du secondaire.
On peut s'imaginer ce transformateur réel comme
étant constitué d'un transfo idéal avec couplage à 100% et une inductivité
additionnelle qui représente la dispersion. Cette inductivité détermine le comportement
du transformateur lors de son fonctionnement. On peut dire qu'en règle générale, plus
la taille du transformateur est importante plus son comportement se rapproche du
comportement idéal. Si les enroulements présentent un écartement important, comme dans
le cas du noyau UI, on peut avoir perte d'un nombre important de lignes de champ ce qui se
traduit par une inductivité de dispersion importante. Il est préférable de placer les
enroulements l'un près de l'autre sur une carcasse comme dans le cas d'un bobinage à 2
sections, soit mieux encore l'un par-dessus l'autre comme cela est le cas pour la plupart
des transformateurs. Un bobinage en couches superposées des 2 enroulements garantit le
meilleur couplage qui soit. Vu sa complexité technique, et partant son coût, on réserve
ce type de bobinage aux alimentations à découpage et aux transformateurs audio (étages
à tubes).
Deux des caractéristiques de la tôle utilisée
ont une importance capitale pour le calcul d'un transformateur, à savoir son degré de
magnétisation avant entrée en jeu de la saturation et son facteur d'amplification,
c'est-à-dire le facteur par lequel le fer amplifie un champ externe, ce que l'on appelle
également sa perméabilité. C'est en effet de cet élément que dépend le nombre de
spires qu'il faudra bobiner sur le transformateur pour disposer d'une tension donnée.
Plus le degré de magnétisation du noyau ferromagnétique est important moins il faudra
de spires tant à l'enroulement du primaire qu'à celui du secondaire. II est à noter de
plus que le nombre de spires optimal dépend également de la section du fer et de la
forme (de la carcasse) du transformateur.
Tôles pour transformateur :
Venons-en aux particularités des tôles pour
transfo. À l'époque, vu les puissances importantes exigées des transformateurs pour
l'alimentation en énergie, il apparut qu'il était intéressant d'utiliser un noyau de
fer rectangulaire fermé doté de 2 corps pour bobines. De par leur forme qui facilitait
le montage on baptisa les tôles en U et en I. Le noyau UI a gardé son importance
jusqu'à nos jours. L'écartement des enroulements est important et l'isolement
électrique assuré (figure 2).

Fig 2: Lorsque l'on
travaille à des tensions très élevées, l'enroulement est subdivisé en plusieurs
tranches distinctes.
Les enroulements étaient constitués de fil de
cuivre enveloppé dans une gaine de coton qui en assurait également l'isolation. En cas
de problème on pouvait dégager les enroulements indépendamment l'un de l'autre pour un
échange standard ou une remise en état. Pour les transformateurs de petite taille qui
apparurent plus tard lorsqu'il fallut assurer l'alimentation individualisée d'appareils
en tous genre, il s'avéra nécessaire de trouver une autre forme de construction;
celle-ci ne comportait qu'une seule carcasse de bobine, le prolongement du noyau interne
se faisant par l'intermédiaire de 2 plaquettes externes tout autour du corps de la
bobine. Cet type de construction est appelé noyau cuirassé. Selon la technique
d'estampillage ou de découpage des tôles on fait la distinction entre les types M et El
par exemple.
II est une caractéristique présente sur toutes
les tôles de transformateurs découpées qui mérite que l'on s'y attarde quelque peu :
la fine fente, l'entrefer. II faut bien, d'une manière ou d'une autre, glisser les tôles
dans la carcasse des bobines. À cet endroit les lignes de champ doivent de toutes façons
quitter le noyau ferromagnétique sur un très court trajet. II est possible de compenser
pour une très grande part les conséquences néfastes de cette situation par empilement
alterné des tôles sur la carcasse. Ainsi, après chaque fente à air on a disposé une
tôle fermée par laquelle les lignes de champ trouvent une " déviation ". II
existe bien évidemment des exceptions tels que les transformateurs toriques, d'autres
transformateurs et les noyaux de ferrite. Pour ces derniers on polit les surfaces de coupe
d'une façon telle que l'on atteint des " entrefers " de moins de 10 um de
largeur.
Intéressons-nous, comme premier noyau courant, au
modèle El (figure 3).
 |
 |
Fig 3 : La
tôle EI se décompose en 2 parties |
Fig 4 : Il
existe, dans le cas de la norme M, toutes sortes de variantes. Les faces biaisées
facilitent l'intromission de la carcasse. |
Cette disposition convient tout particulièrement
aux transformateurs nécessitant un entrefer. Un entrefer " adoucit " le
transformateur, ce qui signifie que sa tension de sortie varie sur une marge importante en
fonction de la charge présente en sortie. Cette caractéristique peut être souhaitable
dans le cas de chargeurs pour batterie par exemple lorsque l'on veut maintenir un certain
courant de charge. De même, il peut être intéressant de disposer d'un entrefer pour un
transformateur de transfert utilisé dans un amplificateur. Dans un étage de puissance
monophasé de classe A il ne circule pas uniquement un courant alternatif par le
transformateur de transfert mais également du courant continu. Pour éviter que le noyau
ferromagnétique ne se voit fortement prémagnétisé par la composante de courant continu
pour être ensuite amené à saturation par la composante de courant alternatif, il faut
le compenser à l'aide d'un entrefer. L'approche de la coupe en El présente, dans ce cas
là, un attrait indiscutable vu qu'il est possible d'ajuster à loisir l'écart entre les
tôles E et I par la mise en place de cales d'épaisseur adéquate.
La carcasse de forme M n'est, à y regarder de
près, rien de plus en fait qu'une tôle El monolithique (d'une pièce). II faut, pour les
introduire, les plier. On ne dispose plus que d'un unique entrefer qui se trouve à
l'endroit de la plus forte densité de lignes de champ. Ces dernières devant changer de
direction, elles traversent l'entrefer en biais ce qui ne fait qu'augmenter la longueur du
trajet efficace. II est donc inévitable d'avoir des pertes de dispersion. On peut, par
une stratification alternée des tôles, limiter l'effet de l'entrefer, un empilement à
sens unique en augmentant l'influence, caractéristique pouvant être souhaitable dans
certains applications. Le format M disponible en diverses variantes spécifiques (figure
4) a été et est toujours encore, utilisé comme transformateur de transfert, possédant
cependant, de par la présence de la fente à un endroit défavorable, et ce de par son
principe, un champ de dispersion.
Accroissement de puissance :
Lors des essais effectués pour augmenter la
capacité de magnétisation du fer et partant la puissance de transformateurs de structure
similaire on constata que certains alliages à base de fer associés à une technique de
laminage spéciale et un post-traitement spécifique pouvait améliorer les
caractéristiques magnétiques. Ceci n'était malheureusement vrai que dans une direction
préférentielle de la tôle de fer, à savoir le sens de laminage. Dans le meilleur des
cas, la capacité de magnétisation était maintenue dans la direction perpendiculaire au
sens de laminage, au pire des cas, elle se détériorait. Sachant que les lignes de champ
dans le transformateur à noyau cuirassé vont tant dans le sens longitudinal (dans le
noyau de la bobine et dans parties nodales disposées parallèlement) que dans le sens
transversal (dans les parties nodales situées au-dessus et en-dessous du noyau proprement
dit, on parle de " culasse "), il ne faut pas s'attendre en cas d'utilisation de
nouvelles tôles, à une amélioration quelconque avec les formes actuelles.
En 1961, des ingénieurs de chez Siemens eurent
l'idée d'estampiller les tôles de forme M améliorées ainsi, avec leur section nodale
régulière, connues depuis bien longtemps, dans une direction telle que le sens
magnétique préférentiel soit parallèle au noyau de la bobine et de donner aux 2
culasses, par lesquelles les lignes de champ ne circulent que forcées transversalement à
la direction préférentielle, une largeur une fois et demie plus grande que celle
présentée par la forme M classique, en vue de compenser ainsi les inconvénients
magnétiques. On disposa les fentes à l'endroit de la densité la plus faible des lignes
de champ en vue de réduire l'effet de l'entrefer, de sorte que ces dernières évoluent
par le chemin le plus court, orthogonalement par rapport à la ligne de coupe. C'est ainsi
que l'on dessina la carcasse MD (figure 5). Le D représente ici le positionnement
diagonal des fentes.

Fig 5 : Le noyau MD avec son
entrefer diagonal.
L'augmentation de puissance permise par les noyaux
MD associés à des tôles à orientation nodale était, et ce à une taille et un type de
carcasse de bobine identiques, de l'ordre de 40% par rapport au modèle M à base de
tôles classiques.
En 1968, les frères Philberth déposèrent un
brevet destiné à protéger la découverte d'une géométrie nodale améliorée, le noyau
(ou âme) Philberth (forme PM, figure 6).

Fig 6 : Les entrefers
asymétriques sont une caractéristique marquante de la carcasse PM.
Les 3 innovations importantes sont les suivantes :
les environnements nodaux externes (cuirasse) orientés dans le sens du laminage, eux
aussi, sont élargis par rapport aux parties nodales internes. On obtient ainsi une
magnétisation moindre dans les parties nodales externes que celle atteinte dans le noyau
de la bobine. Une autre modification par rapport aux tôles de forme M est le renforcement
du corps transversal et des montants. La boucle magnétique rencontre ainsi une
résistance moindre et il est possible de garder un nombre de lignes de champ plus grand
à l'intérieur du fer, ce qui réduit les pertes. Ainsi, à même section de fer, on
augmente la puissance tout en réduisant le champ de dispersion. Une paire de fentes,
l'une droite, l'autre en biais, permettent un entassement des tôles individuelles en 4
couches différentes (figure 7). Ce faisant, on a à disposition, outre chaque entrefer
des 2 côtés, 3 tôles closes servant de dérivation pour les lignes de champ (figure 8).
Les plaquettes de répartition sont placées sur la tôles aux endroits où la densité
des lignes de champ n'est plus aussi grande. On a en outre accru la taille de la fenêtre
de bobinage dans le sens transversal de sorte que l'on peut, avec une carcasse de bobine
identique, réaliser des couches de fil sensiblement plus épaisse, ce qui diminue la
résistance interne du transformateur.
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Fig 7 : Une
superposition alternée de 4 formes de tôles différente est à la base du modèle de
carcasse PM. |
Fig 8 : Les
tôles environnantes recapturent les lignes de champs. |
Ensemble, ces modifications se traduisirent par
une augmentation additionnelle de la puissance et un champ de dispersion moindre par
rapport au noyau MD. La variante la plus récente du noyau PM est la version PMZ
développée au cours des toutes dernières années, permettant, par un décalage de la
fenêtre de bobinage dans le sens longitudinal et une optimisation additionnelle du
transfert par l'entrefer, une amélioration de quelques pour cent.
II existe, outre les divers types de base
évoqués jusqu'à présent, d'autres découpes spéciales proposées par différents
fabricants tels que la forme de la figure 9 proposée par Waasner. II est en principe
possible de fabriquer de bons transformateurs à l'aide de tous les types de noyaux, et
donc de tôles de type El, M, MD, PM, BMV et PMZ, ainsi qu'avec des tôles de découpes
spéciales voire encore de transformateurs toriques. Le choix de l'un ou l'autre type de
noyau, si tant est que l'on ait, en tant qu'utilisateur, le choix, ne tient pas tant, en
règle générale au noyau qu'à des considérations de prix, encombrement et poids.

Fig 9 : Exemple de section
de carcasse spéciale.
Le fabriquant promet des caractéristiques aussi bonnes que celles d'une carcasse
PM avec la stabilité mécanique meilleure que la carcasse M.
Dans le temps, la règle d'or était que rien ne
pouvait compenser la taille. De nos jours l'inverse est vrai : faire le plus petit
possible. On n'hésite pas à faire appel à des types de tôles de très haute qualité
intrinsèque et partant chères, l'essentiel étant que le transformateur puisse trouver
place dans le coffret prévu et qu'il n'occasionne que de faibles pertes de puissance.
À dire vrai, il n'existe pas de valeur fixe pour
la puissance que peut supporter un transformateur; selon les circonstances, les puissances
d'un même transformateur peuvent varier très fortement.
Calculs :
Nous allons évoquer brièvement dans ce
paragraphe la technique de calcul des caractéristiques d'un transformateur. Dans le cas
d'un transformateur de qualité, on se trouve confronté à un certain nombre de grandeurs
à l'influence non négligeable auxquelles seule l'expérience permet d'accéder. II est
en tous cas une précaution à ne pas négliger : ouvrir le catalogue du fabricant des
tôles que l'on prévoit d'utiliser.
Supposons que nous voulions disposer d'un
transformateur convertissant une tension de 220 V en 24 V et ce avec une puissance de
l'ordre de 30 watts. Nous optons pour un noyau répondant aux normes DIN 41 302 d'une
taille M65 avec une qualité de tôle V230-50 A. Le tableau 4a nous apprend que
l'induction maximale admissible est de 1,39 T (tesla), une section de fer de 4,9 cm²
(tableau 5) et une puissance transmissible de 34 W. Sans autre forme de procès nous
utilisons la formule de base de calcul d'un transformateur :
U = 4,44 . B . A . f . n
Formule dans laquelle n est le nombre de spires au primaire, U est la tension en volt du primaire, f est la fréquence en hertz de service, A est l'aire (section) du fer en m², B est l'induction en Tesla. Cette formule de
base de calcul de base sert à déterminer le nombre de spires du primaire, sachant que
l'on entre l'induction maximale B, la tension au primaire U, la fréquence f et l'aire du
fer A.
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Tableaux
4a à 4d : Caractéristiques électriques de transformateurs à noyaux M et MI
(faibles chutes) utilisant respectivement des tôles V230-50V (a), V170-50V (b), V130-35V
(c) et V110-35V (d).
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agrandir.... |
Tableau 5.
Caractéristiques de certains types de transformateurs. |
Type de taille |
Espèce disponible
pour le bobinage cm
cm |
Section du cuivre cm² |
Section du fer cm² |
M42 |
0,67 |
2,61 |
0,4 |
1,6 |
M55 |
0,81 |
3,31 |
0,85 |
3.2 |
M65 |
1,01 |
3,86 |
1,35 |
4,9 |
M74 |
1,16 |
4,46 |
1,95 |
6,9 |
MB5 A |
1,09 |
4,85 |
2,1 |
8,6 |
MB5 B |
1,09 |
4,85 |
2,1 |
12 |
M102 A |
1,3 |
6,05 |
3,3 |
11 |
M102 B |
1,3 |
6,05 |
3,3 |
16,5 |
Si nous procédons à la résolution
de l'équation nous obtenons :
n = U / (4,44 . B . A . f )
n = 220 / ( 4 ,44 . 1,39 . 4,9 . 10-4
. 50 ) = 1454,98.
Notre transformateur doit donc comporter
1455 spires au primaire. La tension du secteur est aujourd'hui passée à quelque 230 V.
Si donc nous calculons la valeur de l'inductance B
nous obtenons :
B=U / (4,44 . A . f . n)
B=1,45 T
On constate donc que l'induction est maintenant de
1,45T. Le transformateur est poussé dans ses retranchements au point d'entrer en
saturation. Les calculs doivent donc toujours prendre en compte la tension maximale
appliquée continûment. II n'est pas mauvais de tenir compte des variations de tension du
secteur. Cette dernière équation nous apprend en outre qu'en cas de diminution de la
fréquence l'induction croît. II faut tout simplement, à une fréquence plus faible, au
courant ainsi d'ailleurs qu'au champ magnétique un peu "plus de temps" de sorte
qu'ils peuvent atteindre des valeurs plus élevées. Si l'on fait travailler à 50 Hz un
transformateur calculé pour une fréquence de 60 Hz l'induction est 20% plus forte.
Pour peu que l'on ait calculé (trop) juste le
transformateur se trouve en saturation et même si tel n'était pas le cas il s'échauffe
plus que prévu. Le tableau 4a nous donne un rendement de 76% (0,76). Si l'on utilise des
tôles M de meilleure qualité à orientation de grain (VM 110-35), dont l'épaisseur
n'est pas de 0,5 mm mais de 0.35 mm seulement on pourra transférer, pour la même section
de fer quelque 43 W à un rendement de 81 % (tableau 4d). Avec une forme de tôle PM il
est même possible d'atteindre 58 W à 89% de rendement. Comme vous ne le savez peut-être
pas, le réseau de bord des avions de ligne travaillent en courant alternatif avec une
fréquence de 400 Hz. Ce choix tient au raisonnement suivant: à cette fréquence notre
transformateur présente une induction de :
B= 320 V / (4,44 . 4,9 . 10 -4 .
1455) = 0,174 Tesla.
À une fréquence 8 fois supérieure l'induction
est tombée au huitième de sa valeur d'origine. Autrement dit, multiplier
par 8 la fréquence revient à
diviser la taille du transformateur
par 64 (A est en m²).
Les puissances indiquées dans le tableau ne
valent que pour une fréquence de 50 Hz! Si l'on conserve la section de fer il est
possible, à une fréquence supérieure, de transférer une puissance plus importante.
Ceci se traduit par un gain très sensible tant du point de vue du poids que du volume et
partant du nombre de passagers payants. Les alimentations à découpage profitent elles
aussi de cette loi. II devient ainsi possible, avec un transformateur de 4 x 3 x 4 cm
travaillant à une fréquence de plus de 20 kHz, de transférer une puissance de 200 W
bien " pesés ".
L'hystérésis :
À des fréquences aussi élevées, les pertes
dues au fer deviennent insupportables. C'est la raison pour laquelle on n'utilise plus de
tôles. Les particules magnétiques sont moulues en une poudre fine avant d'être
pressées avec un liant. De ce fait, le noyau devient non conducteur dans toutes les
directions, les pertes de courant tourbillonnaire diminuent très sensiblement. De plus,
on fait appel, en place et lieu d'alliages ferreux, à ce que l'on appelle de la ferrite,
un matériau magnétique céramique constitué de plusieurs oxydes métalliques qui, de
par ses caractéristiques intrinsèques, présente une impédance (résistance) bien plus
importante que les matériaux magnétiques métalliques.
La figure 11 représente la courbe de
magnétisation typique de la tôle pour transformateur, la figure 12 donnant les courbes
d'hystérésis typiques des noyaux ferreux à des niveaux d'excitation divers.

Fig 11: Courbe
caractéristique de magnétisation. Ce diagramme ne comporte pas moins de 3 domaines.

Fig 12 :
Courbe d'hystérésis
typiques pour transformateurs à noyau ferromagnétique à différentes valeurs
d'excitation.
L'hystérésis constitue une autre
caractéristique (ennuyeuse) du fer. Non seulement il se laisse magnétiser au-delà d'une
certaine valeur mais présente un comportement différent à la magnétisation et à la
démagnétisation. L'affirmation faite en début d'article comme quoi le fer doux ne
possédait pas, après disparition du champ extérieur, de champ magnétique propre n'est
pas tout à fait juste. Le fer résiste à la magnétisation. La superficie de la surface
délimitée par la double courbe d'hystérésis est une mesure de l'énergie perdue à
chaque magnétisation.
Les figures 13 et 14 donnent les pertes à la
démagnétisation de diverses sortes de tôles à une fréquence de 50 Hz. On peut
déduire des caractéristiques techniques des tailles de noyau M classiques des tableaux
4a à 4c que la puissance transmise à une taille donnée dépend fortement de la qualité
de la tôle. Le rendement au contraire dépend beaucoup plus de la taille que du type de
tôle utilisé. Les pertes augmentent avec la fréquence. Au-delà de quelques kilohertz
seule la ferrite présente encore des pertes d'hystérésis minimes.

Fig 13 : Pertes de
magnétisation inverse de différentes sortes de tôle en fonction de l'excitation.

Fig 14 : Une tôle à grains
orientés possède des pertes sensiblement moindres.
Les transformateurs toriques :
Dans le cas du transformateur torique les choses
sont quelque peu différentes. Le noyau de fer magnétisable prend la forme d'une unique
bande de grande longueur embobinée comme un rouleau de scotch. On dispose, à l'aide de
techniques de bobinage très spéciales, cf le croquis de la figure 15, les enroulements
du primaire et du secondaire sur cet anneau ferrique fermé.

Fig 15 : Le bobinage des
transformateurs toriques se fait à l'aide d'une machine spécialement conçue à cet
effet dotée de rouleaux de bobinage repliables.
La structure de construction du noyau présente un
certain nombre d'avantages: il n'existe pas d'entrefer ! Toutes les lignes de champ
magnétique à l'intérieur du noyau toroïdal circulent dans le même sens, dans le sens
préférentiel, magnétiquement parlant, de la bande de tôle bien entendu. Plus
l'épaisseur de la dite bande métallique est faible, plus les pertes de fer diminuent.
Sachant qu'il n'est pas nécessaire de glisser le noyau à un endroit quelconque, il
devient possible de fabriquer le tore à l'aide d'un film métallique à l'épaisseur
incroyablement fine.
On peut difficilement imaginer une meilleure
boucle magnétique. Le noyau se situant tout à fait à l'intérieur du bobinage son
refroidissement n'est pas aisé. Ceci n'a guère d'importance vu les faibles pertes
prenant place dans le noyau. A l'inverse, les enroulements se situant à la périphérie
du transformateur, ils peuvent facilement dissiper de la chaleur si tandis qu'il s'en
produise. On met cette caractéristique à profit en admettant des pertes plus importantes
au niveau des enroulements, dites pertes dans le cuivre, dues à l'utilisation d'un fil de
cuivre de diamètre plus fin. De ce fait la résistance interne d'un transformateur
torique est, à puissance identique, supérieure à celle d'un transformateur à noyau
cuirassé. Il n'en reste pas moins vrai que la taille du transformateur torique est plus
petite, et que si l'on choisit un noyau torique de même taille, celui-ci aura une
résistance interne moindre et des pertes plus faibles. Le tout est de savoir ce que l'on
compare ! Sachant que le matériau constituant le noyau était plus coûteux et que la
technique de bobinage plus complexe, les transformateurs toriques sont longtemps restés
plus chers. Depuis quelques années ils sont devenus plus abordables.
Le brochage :
Il n'est pas rare que l'amateur curieux se trouve
confronté à un transformateur dont il ne sait rien. S'il devait se faire qu'il comporte
des bornes numérotées entre 20 et 99, il est probable que sa dénomination respecte la
norme DIN 42200. La disposition de cette dénomination apporte des indices fort
intéressants. Un transformateur de ce type peut comporter 1 ou 2 borniers de connexion.
Dans le cas des transformateurs de sécurité les entrées et les sorties sont, par
définition, positionnés sur des borniers distincts. La numérotation se fait selon les
indications de la figure 19:

Fig 19 : Principe de la
numérotation du brochage avec un bornier pour l'entrée et un bornier pour la sortie.

Fig 20 : Exemple ne
comportant qu'un unique bornier de connexion.

Fig 21 :
2 borniers
distincts.

Fig 22 : Méthode de
comptage avec plusieurs enroulements.
Connexions pouvant supporter une charge allant
jusqu'à 25 A : Bornier I : débute à 20 et va jusqu'à 60
Bornier II : débute à 30 et va jusqu'à 60.
Connexions pouvant supporter une charge allant jusqu'à 63 A : Bornier I : débute à 61
et va jusqu'à 99
Bornier II : débute à 71 et va jusqu'à 99.
La norme demande, en ce qui concerne les
bornes de l'enroulement d'entrée de commencer au potentiel zéro (0 V donc) à la borne
20 et l'on poursuit dans le sens croissant.
En ce qui concerne les bornes de l'enroulement de
sortie, on commence, à l'inverse, par la tension de sortie la plus élevée à la borne
de numéro le plus grand, pour poursuivre dans le sens décroissant. Dans le cas
d'enroulements séparés galvaniquement d'un côté il faudra, pour obtenir la
numérotation correcte, se les imaginer connectées en série en fonction de leur position
dans l'enroulement.
II faudra sinon, à l'aide d'un ohmmètre,
identifier les différents enroulements. En cas de prises intermédiaires les choses se
compliquent quelque peu, vu que plusieurs bornes peuvent être interconnectées. La
solution consiste à établir un petit tableau dans lequel on porte les valeurs de
résistance mesurées d'une borne à l'autre. Par l'évolution, étape après étape, de
la résistance la plus faible à celle de la valeur la plus élevée, on doit pouvoir se
faire une image de la structure du bobinage. Pour les résistances faibles, inférieures
à 1 ohm, les résistances de contact et de transfert compliquent les mesures. On veillera
donc à toujours obtenir un bon contact.
II est possible, grossièrement, d'estimer le
courant nominal d'un enroulement à partir de la section du conducteur. On peut, en règle
générale, admettre un courant de 2 à 3 A par mm² de section de conducteur. Les
enroulements pouvant être faits d'épaisseurs de fils différentes, il est impossible, à
partir de la valeur des résistances, de déduire le nombre de spires et partant de la
tension nominale des enroulements. D'habitude, une résistance plus élevée va de pair
avec une tension plus élevée. II faut, pour déterminer les tensions nominales, relever
la courbe de fonctionnement hors-charge (figure 23).

Fig 23 : Comment connecter
un transformateur inconnu pour procéder à sa mesure. Chaque enroulement peut être
utilisé comme enroulement.
Le courant de fonctionnement à vide reste,
jusqu'à l'entrée en saturation magnétique, relativement faible, de l'ordre de 5 à 15%
du courant nominal. II augmente proportionnellement à la tension appliquée. À l'entrée
en saturation le courant de fonctionnement hors-charge croît fortement (figure 24).

Fig 24 : Courbe
caractéristique de fonctionnement à vide.
Vu qu'il peut, au cours de ces tests, naître aux
enroulements du transformateur des tensions dépassant la tension nominale, il ne faut pas
aller au-delà de ce qui est nécessaire et agir rapidement. La tension nominale de
l'enroulement se situe pratiquement au niveau du coude de la courbe de fonctionnement
hors-charge. On peut ensuite mesurer les tensions sur les enroulements restants. Les
enroulements situés dans des logements distincts sont augmentés de 5 à 10% pour
compenser les pertes de fuite.
Ces mesures supposent que le transformateur a
été calculé selon les règles normalement admises. Si le fabricant a, pour une raison
ou une autre, choisi de rester notablement en-deçà de la saturation (transformateur
audio), les mesures effectuées sont fausses. Si l'on ne relève pas de coude à un
courant une fois et demie supérieure au courant nominal supposé, il est fort probable
que l'on se trouve dans un pareil cas. Comme nous le disions plus haut, les
caractéristiques d'un transformateur sont, pour une grande part, une affaire d'accord de
normalisation et de respect des normes établies.
Article tiré de la revue Elektor
octobre 1994. Auteur : K.Schônhoff.
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